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Je ne ferai pas durer le suspens plus longtemps : j'ai échoué. Je ne suis pas parvenu à passer le col de l'Iseran. Je me suis trompé lors de la préparation de mon parcours. J'ai négligé l'importance de certains paramètres et je n'ai pas su estimer quelles seraient les difficultés. Je n'ai pas imaginé que je n'étais pas capable de reproduire en conditions hivernales ce que j'ai fait cet été.

La journée commence pourtant plutôt bien. Je pars de Beaufort à 8h15 tranquillement. Je replace 2 ou 3 fois ma roue arrière pour éviter qu'elle ne touche les freins, et elle semble enfin tenir. Je monte tranquillement sur une route déserte jusqu'au barrage de Roselend à 1600m. La vue s'ouvre soudainement sur un magnifique paysage de haute montagne (photo 1). Il reste un peu plus de 300m de dénivelé jusqu'au Cormet de Roselend (1968m).


Photo 1

Mais le vent est violent à cette altitude, et il me ralenti nettement. La route passe dans des endroits somptueux (photo 2), mais je souffre du froid et de l'effort. En arrivant au sommet, je calcule que je n'ai fait que 1200m des 3200m de dénivelé du jour. Je réalise aussi que l'enneigement est important à 2000m (photo 3) et qu'il sera sûrement difficile de passer le col de l'Iseran (2770m). J'ai déjà roulé 1h47.


Photo 2


Photo 3

Je m'habille chaudement (en fait, le plus possible) pour descendre. Ça ne m'empêche pas d'avoir encore froid aux jambes. La route vers Bourg-Saint-Maurice est néanmoins agréable, sur une chaussée étroite et encadrée par des feuillus aux couleurs automnales.

De retour à 800m d'altitude, je m'arrête à l'Intermarché de Bourg-Saint-Maurice pour me ravitailler en prévision de la longue montée qui m'attend : 48km pour 2000m de dénivelé.

Je commence cette interminable montée avec un fort vent de face. Je fais plusieurs pauses jusqu'à 1300m, notamment pour replacer une nouvelle fois ma roue arrière. J'ai l'impression de ne pas avancer. Je mange copieusement en espérant retrouver des forces. Le vent se calme un peu lorsque je repars, et en atteignant 1500m, j'aperçois enfin la retenue de Tignes. Ce point de repère me motive pour les kilomètres suivants, et je passe enfin de l'autre côté du barrage. Mais alors que je pensais y trouver 5km plus faciles avant Val d'Isère, je dois passer une série de tunnels stressants car mal éclairés. Pour ne rien arranger, le vent réapparait et va me gêner jusqu'à la station. Je l'atteins vers 14h30.

La route est fermée 2km plus loin. Je dois choisir si je continue ou pas. Le col est encore à 16km. La route n'est pas déneigée, et contrairement à ce que j'espérais, la neige a très peu fondu sur les versants nord. Je m'attends donc à devoir rouler plusieurs kilomètres dans la poudreuse. Par ailleurs, quelques points m'inquiètent :
-que faire en cas de problème technique, en particulier face à une casse de l'axe de ma roue arrière, qui couine depuis le Cormet de Roselend?
-que faire en cas de problème physique, en particulier si mon ischio-jambier, douloureux depuis le départ, se déchire à nouveau?
-j'ai déjà froid à 1850m, vais-je résister au vent et à la température du sommet?

J'avais occulté ces questions lors de la préparation du voyage. Je ne m'attendais pas à cette météo, et j'espérais être plus performant. Si je ne passe pas par le col de l'Iseran, je dois contourner le parc national de la Vanoise. Que ce soit par l'est, par l'Italie et la Suisse, ou par l'ouest, par Moûtiers, le détour est important et je ne pourrai pas rattraper mon retard. Par ailleurs, je réalise que les difficultés m'ont privé de plaisirs depuis mon départ. La météo va se dégrader et la situation ne peut pas s'améliorer. Je ne suis plus assez motivé pour continuer. Je décide de rentrer à Bourg-Saint-Maurice pour y trouver un train vers Montpellier.

32km de descente. Je peine à me relancer sur les quelques replats. L'arrivée est un soulagement malgré ma déception d'avoir échoué.

Au final, environ 110km et 2300m de dénivelé positif.

Tag(s) : #Route des Grandes Alpes