Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Chère lectrice, cher lecteur,

 

Si tu redoutes les haut-le-cœur, évite de lire les passages en bleu clair.

 

Voici les nouvelles de la semaine.

Lundi, après un weekend qui semblait s'être bien passé même si la fièvre persistait, on découvre par une échographie que l'épanchement péricardique a doublé d'ampleur. Je suis transféré, le cœur serré, en soins intensifs de cardiologie pour traiter ce problème dès le lendemain. Du liquide comprime principalement mon ventricule gauche. Ce ventricule est le plus puissant, donc je supporte bien l'épanchement. Le problème, c'est que le secteur est difficile d'accès pour une ponction qui retirerait tout le liquide facilement (une petite aiguille à glisser entre les côtes) et on préfère éviter de m'ouvrir la cage thoracique compte-tenu des risques hémorragiques et infectieux (peu de plaquettes, peu de globules rouges). Les médecins optent pour une ponction partielle, permettant de retirer une partie du liquide pour ensuite l'analyser, avoir le coeur net sur son origine, et traiter par voie médicamenteuse.

Finalement, moi aussi j'en ai marre qu'on me ponctionne du liquide !

Finalement, moi aussi j'en ai marre qu'on me ponctionne du liquide !

Mardi, midi, la ponction se met en place. Le médecin a regardé à quelle profondeur enfoncer son aiguille par une échographie, 2 cm seulement. Malgré l'anesthésie locale, ce n'est pas vraiment agréable. Il sort beaucoup plus de liquide que prévu, plus de 250 mL. Il tente même de placer un drain pour aller plus loin sans abîmer le cœur (avec moins d'épaisseur de liquide, le ventricule se rapprochait de l'aiguille), mais le flux se tarit. La manipulation se termine, j'ai le cœur plus léger.

Echographie de contrôle immédiatement. On ne me dit rien mais je vois aux expressions faciales que tout n'est pas normal. On appelle rapidement un chirurgien pour regarder les images. J'ai pour consigne de ne pas bouger, de parler le moins possible. On me demande qui est ma personne de confiance. On m'explique que la répartition de fluides autour du cœur a évolué. Un liquide visqueux (trop pour une aiguille), comprime maintenant le ventricule droit, le plus faible, et apparemment mon cœur risque de ne pas y résister longtemps.  On appelle ça une tamponnade. Le chirurgien m'explique que j'ai de la chance et que je vais pouvoir être programmé en début d'après-midi pour une opération d'environ 2 heures qui consistera à ouvrir la cavité thoracique par le sternum, retirer le liquide contraignant, poser des drains qui serviront quelques jours, et refermer. Il me confirme les risques évoqués la veille. On fait l'opération à contre-cœur, il va falloir y mettre du cœur et l'avoir bien accroché. Vers 14h, l'anesthésie générale opère.

Illustration du principe de la tamponnade

Illustration du principe de la tamponnade

A 16h30, je me réveille en réanimation de cardiologie. Je suis rassuré quelques dixièmes de secondes avant de paniquer : je suis intubé et j'ai les mains attachées. Cela ne dure que quelques instants avant qu'on me libère et que je n'aie un coup de cœur pour la charmante infirmière qui s'occupe de moi : il faut faire bonne figure ! 

Réveil difficile

Réveil difficile

On m'explique que tout s'est bien passé. Le liquide a été retiré, ainsi qu'un morceau du péricarde (membrane qui ne sert apparemment pas à grand-chose). Il va maintenant falloir être patient pour récupérer. Je peux avoir le cœur un peu plus léger, mes chirurgiens bourreaux des cœurs ont bien travaillé !

Quelques rappels anatomiques sur la cage thoracique

Quelques rappels anatomiques sur la cage thoracique

Mon sternum a été ré-assemblé avec des fils en acier qui resteront indéfiniment. L'ouverture sur ma poitrine fait plus de 20 centimètres. Je reçois donc de bonnes doses de morphine pour retrouver une respiration normale (il faudra plusieurs semaines). Les échographies de contrôle semblent bonnes. On me retire jeudi les drains (certains de près de 1 cm de diamètre) qui purgeaient mon cœur et mes poumons à travers mon ventre. Je ne recommence à bouger que très progressivement pour ne pas trop solliciter la cicatrice. Mes premiers pas ne se font que vendredi soir, après avoir quitté la réanimation pour le service des maladies du sang, en unité protégée. Je vais devoir poursuivre mes précautions pendant 6 semaines, durée pour une consolidation totale.

 

La fièvre a disparu depuis jeudi, c'est bon signe. On doit maintenant faire une évaluation médullaire dans les prochains jours pour connaître le stade de la leucémie et, en fonction de cela, reprogrammer la procédure de greffe et de probables autres chimios préparatoires. Cela devrait se décider en fin de semaine prochaine. Je donnerai probablement des nouvelles à ce moment-là.

Tag(s) : #Leucémie