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Cher lecteur,

L'Ironman 70.3 n'est pas un Ironman. Non, ce n'est qu'un Ironman 70.3. C'est à dire une course de 70.3 miles : 1,9 km de natation, 90 km de vélo et 21,1 km de course à pied. Bref, ce qu'on appelle couramment un half-ironman.

La particularité de cette série de course est qu'elles permettent de se qualifier pour une finale mondiale, appelée championnat du monde d'Ironman 70.3. Tu comprends, lecteur, que la WTC qui possède la marque Ironman® assure au niveau marketing !

Bref, j'avais fait de cette course l'un de mes objectifs de fin de saison. Après un gros volume de travail pendant l'été, je me sentais bien pour aller chercher un "slot" pour les championnats du monde, une des 5 places dans la catégorie des 25-29 ans.

Départ à 7h45 pour une quarantaine de professionnels, à 7h47 pour les femmes et à 7h57 pour les moins de 40 ans. Du coup, je reviens rapidement sur les dernières femmes, et je me prends le bras d'une brasseuse (oui oui, d'une brasseuse...) dans le visage. Un de mes verres de lunettes prend l'eau et je suis obligé de m'arrêter pour le remettre en place. Rien de très grave, j'avais de toute façon quelques difficultés à monter en température dans la fraîcheur matinale.

Dans la seconde partie de la natation, je m'éloigne du reste du peloton pour nager tranquille et je trouve enfin des sensations. Je pars à vélo en souplesse, sur 15 km plats pour commencer. Je double beaucoup d'hommes et de femmes. Cela continue jusqu'au 30ème kilomètre. Je suis alors un peu plus isolé. Dans une grande ligne droite, bien positionné sur le prolongateur, une moto vient m'accompagner quelques minutes, et me filme de près. Mais je ne roule visiblement pas assez vite sur cette section plate, et je me fais rattraper par un groupe de 5 triathlètes.

Sortie de l'eau et départ à vélo (serrage des chaussures)
Sortie de l'eau et départ à vélo (serrage des chaussures)
Sortie de l'eau et départ à vélo (serrage des chaussures)

Sortie de l'eau et départ à vélo (serrage des chaussures)

C'est le moment de te rappeler, lecteur, qu'il n'est pas autoriser de rouler à moins de 7 mètres du coureur de devant. En effet, cela crée un effet d'aspiration qui avantage significativement le coureur de derrière. Mais cette règle a probablement été créée pour une vitesse de 30 km/h. A 45 km/h (c'est la vitesse à laquelle on roulait, avec un léger vent dans le dos), l'effet d'aspiration est encore considérable à 7 mètres. Cela favorise donc la constitution de groupe.

A mon tour, je me cale donc à une dizaine de mètres des roues et je profite de cet effet. Mais cette situation m'agace car j'ai l'impression de ne pas exploiter toute mon énergie, et il est hors de question de rouler à l'avant pour emmener mes adversaires. J'attends donc la difficulté de mi-parcours pour accélérer. La vitesse en montée est inférieure, donc l'effet d'aspiration est réduit.

Mes adversaires restent avec moi mais je sais que je leur fais un peu plus mal aux jambes. Je reviens sur un groupe de professionnelles (parties 12 minutes avant moi), dont quelques-unes des meilleures françaises. Puis au loin j'aperçois un autre groupe dans la montée. Je fais l'effort pour revenir également. Cela crée un groupe d'une bonne dizaine d'athlètes. Je fais l'effort de rester en tête car je sais que la descente qui suit est très technique et je ne veux pas être gêné.

Cette descente vers Pourrières se fait dans le fond d'un vallon étroit, avec des virages longs, sans visibilités, et qui "referment". A la reconnaissance, j'avais estimé pouvoir y gagner 30 secondes à 1 minute par rapport à un étranger. Et effectivement, dès les premières courbes, je reviens sur un cycliste qui vient de rater 2 virages consécutifs. Je le dépasse à la trajectoire et après 4 virages, je ne vois plus personne derrière moi.

Je reviens vers un nouveau groupe de 3 coureurs dont je prends la tête pour la fin de la descente. Nous prenons alors un chemin étroit et y doublons la première femme de la course. Dans ce passage délicat, un nouveau regroupement se fait avec un coureur revenu de l'arrière. Nous sommes alors 5 et je me remets à l'arrière dans le passage roulant qui suit. Ca ne me semble pas rouler très fort. J'en profite pour récupérer un peu, pour manger.

A 20 km de l'arrivée à Aix, la dernière difficulté consiste en une montée de 3 km en deux parties à environ 5 à 7 %. J'attaque doucement puis je passe en tête pour exploser le groupe à nouveau. Nous nous détachons à 2 de revenons juste avant le sommet sur un athlète professionnel. Avec le retour d'un autre cycliste de l'arrière dans la descente, c'est finalement à 4 que nous roulons, puis à 5 après être revenu sur un autre cycliste.

J'entre finalement dans le parc à vélo en seconde position du groupe. A la sortie du parc, j'entends la speaker annoncer... les premiers athlètes "groupe d'age" (comprendre "amateurs") ! Et comme mes sensations sont immédiatement très bonnes à pied, je prends la tête du paquet des 1600 amateurs de la course !!! Le course à pied comprends 4 tours d'environ 5 km. Je me sens très bien jusqu'à la fin du deuxième tour. Je parle aux spectateurs, indique que je me sens bien.

Les deux premiers "groupe d'age" traverse le (long !) parc à vélo pour mettre leurs chaussures et commencer la course à pied. Puis, après 3 kilomètres, je suis en tête et tout va pour le mieux !
Les deux premiers "groupe d'age" traverse le (long !) parc à vélo pour mettre leurs chaussures et commencer la course à pied. Puis, après 3 kilomètres, je suis en tête et tout va pour le mieux !

Les deux premiers "groupe d'age" traverse le (long !) parc à vélo pour mettre leurs chaussures et commencer la course à pied. Puis, après 3 kilomètres, je suis en tête et tout va pour le mieux !

Début du 2ème tour : ça va toujours plutôt bien !

Début du 2ème tour : ça va toujours plutôt bien !

C'est alors que commence à monter ma douleur au genou. Celle qui fait que je n'ai couru qu'une fois plus de 10 km en préparation, et que je commence déjà à avoir mal aux cuisses. Mais commence aussi à apparaître une douleur, une lourdeur dans le ventre. Un tour plus tard, alors que j'ai déjà réduit significativement ma vitesse (+ 7 min au tour...), je suis contraint de commencer à marcher pour espérer faire passer ces douleurs abdominales. Mais elles continuent à se développer et à 4 km de l'arrivée, je ne peux même plus me tenir droit. Je passe mon temps plié en deux et dès que je me redresse, cette gêne insupportable revient. Finalement, après 500 mètres parcourus en 10 ou 15 minutes, je m'allonge sur un banc, les genoux pliés, et j'attends que ça passe.

Fin du 3ème et début du 4ème tour. C'est le début de la fin...
Fin du 3ème et début du 4ème tour. C'est le début de la fin...

Fin du 3ème et début du 4ème tour. C'est le début de la fin...

Hors de question d'abandonner, même si l'idée m'a largement traversé l'esprit, et qu'un secouriste m'a même proposé de le faire. Mais je veux finir. C'est le seul objectif qu'il me reste. J'ai déjà perdu trop de places pour espérer un "slot" (en tous cas c'est ce que je pense...), et j'ai déjà abandonné deux half-ironman au printemps pour cause de blessure.

Lors de la longue attente sur mon banc (combien de temps a-t-elle duré ? je n'en sais rien !), de nombreux triathlètes m'encouragent ou me demandent si tout va bien. Finalement, lorsque je me relève, je peux à nouveau courir lentement. Mais c'est au tour de mon genou de me ralentir et de m'obliger à marcher sur de longs segments. Finalement à 2 km de l'arrivée, je retrouve une foulée plus légère, moins douloureuse et un peu d'orgueil. Je me remets à 13 ou 14 km/h pour finir et faire bonne figure devant les nombreux spectateurs qui m'ont soutenu et se sont demandé où j'étais pendant ces 50 min nécessaires aux 5 derniers kilomètres...

Reprise d'une allure digne de mon niveau pour les derniers kilomètres.

Reprise d'une allure digne de mon niveau pour les derniers kilomètres.

Je passe la ligne sans sourire, sans fierté, sans démonstration de satisfaction. Je suis très déçu.

Derniers mètres et passage de la ligne d'arrivée.
Derniers mètres et passage de la ligne d'arrivée.

Derniers mètres et passage de la ligne d'arrivée.

Je nage finalement dans un très bon temps de 27min57 (75ème temps), je termine le vélo en 2h25min à plus de 37 km/h de moyenne (et dire que je pensais avoir roulé sans trop forcer...), et le semi-marathon en 1h53...

Je termine 17ème de ma catégorie. Les 5 slots ont été acceptés par des athlètes classés de la première à la 10ème place. Il m'aurait suffit de gagner 3 petites minutes pour prendre cette dixième place. Voilà qui accroît encore ma déception, alors que j'ai parcouru 2,5 km en 30 min lorsque j'étais au plus mal !